Ce guide contient des astuces utilisées par moi ou d’autres rêveur·euse·s de mon entourage, je l’écris dans le but d’aider et ne prétends pas tout connaître. Je ne garantis pas que ces astuces conviendront à tou·te·s.
Ce n’est pas obligatoire mais il peut être utile de se familiariser avec le lexique.
Prêts ? Go ! Il y a à mon sens deux composantes majeures à la rêverie : son origine et ses symptômes. Je diviserai donc ce guide en deux grandes parties.
La rêverie compulsive est un mécanisme de compensation, elle apparaît afin de combler un manque dans notre environnement. On s’attachera donc dans cette partie à identifier ce manque afin d’y répondre dans notre vie plutôt que dans nos pensées.
Premièrement nous allons révéler un fil rouge, ou bien un schéma récurrent dans vos rêveries. Pour cela vous aurez besoin d’un cahier, d’un stylo et d’un surligneur. Commencez par décrire votre dernière rêverie : étiez-vous le personnage principal ? Si non, qui était-ce ? Qu’avez-vous ressenti au début, à la fin ? Quel était l’élément perturbateur ? Qui était avec vous ? Puis passez à une autre rêverie, un autre épisode de votre rêverie principale ou bien attendez qu’une autre rêverie se crée et notez-la à son tour. Surlignez alors les éléments récurrents ou qui vous paraissent centraux.
Des rêveries peuvent se construire pour différentes raisons, mais en écrivant ou bien en vous relisant, vous devez déjà commencer à trouver des similitudes.
Malheureusement je ne peux pas faire ce travail pour vous et les fils rouges seront différents pour chacun de nous mais je peux vous partager mon expérience pour vous donner une idée de ce que vous devriez trouver. J’ai d’abord remarqué que mes rêveries contenaient toujours un personnage féminin avec qui j’entretenais une sorte de rivalité. J’en étais proche sans jamais être intime avec elle.
Plus tard* ce sera pour moi le fait d’avoir un public ou une audience qui ressortira.
*Je préfère vous dire maintenant que mes rêveries ont récidivé après que je les ai écartées une première fois. Si on peut s'en débarrasser le mécanisme, lui, reste toujours là et pourra se re-manifester si un nouveau manque apparaît. Mais que cela ne vous désespère pas, ce n’est pas un retour en arrière mais un bond en avant. Quand vous les aurez vaincues une première fois, les suivantes seront plus simples grâce à votre meilleure compréhension de vous-même. Je peux même dire que la rêverie est devenue une boussole dans mon développement personnel.
Maintenant, et c’est peut être la partie la plus délicate, il vous faut essayer de trouver le lien entre les éléments récurrents et un disfonctionnement dans votre environnement personnel.
Pour vous aider un peu, voilà les grandes causes de rêverie que je connais. Il peut s’agir :
d’un manque dans votre vie, qu’il soit :
- social, comme le manque d’un ami ou d’une personne proche ;
- de stabilité ou de contrôle sur les événements ;
- de stimulation intellectuelle ou de nouveauté ;
- d’expression d’un talent que vous avez ou convoitez ;
- d’émotion, pas forcément positive d’ailleurs : il peut vous manquer une tristesse libératrice de vos tensions ;
d'une angoisse en vue d’un événement, de la peur d’un type de situation ou bien de celle d’une relation compliquée ;
d’un stress dans votre vie, d’une manière de procrastiner, de fuir vers un cocon intérieur ;
simplement d’une manière de se divertir, de relâcher les tensions.
Pour cette partie, il peut être utile de demander l’avis d’un·e proche de confiance ou d’en discuter sur le serveur, une autre perspective est toujours utile. D’autant plus qu’il suffit parfois de s’entendre en parler ou de se lire pour réaliser des choses.
Il s'agit maintenant de chercher à combler ces manques. Comme ils sont personnels il m'est difficile de trouver à votre place les actions à mettre en oeuvre... je peux quand même essayer de vous donner quelques pistes :
améliorer son organisation pour réduire le stress ;
perfectionner sa gestion du stress en général ;
travailler à améliorer son environnement ;
développer son estime de soi, par exemple en faisant une activité associative ou vous vous sentirez apprécié·e et validé·e ;
faire de nouvelles rencontres ou porter plus d'attention à ses relations existantes ;
communiquer davantage, vos ami·e·s peuvent vous soutenir plus que vous ne le pensez ;
vous fixer de plus petits objectifs et les partager avec quelqu'un·e ;
sortir plus, vous ouvrir à de nouvelles choses ;
affronter sa peur (beaucoup de gens sont prêt·e·s à vous aider).
Voilà quelques suggestions, mais la liste est loin d'être exhaustive.
Cela peut paraître la partie la plus difficile, même si personnellement je crois que vous avez déjà fait un énorme chemin en vous rendant compte de la nature réelle de vos rêveries. Soyez fier·ère·s du chemin que vous avez accompli et d’avoir désormais un objectif pour vous guider, ne vous laissez pas abattre par l’ampleur de la tâche et allez-y un pas après l’autre. Usez et abusez de la technique qui consiste à découper vos tâches en plus petites étapes à chaque fois que celles-ci vous bloquent plus d’une journée.
Edit : je me suis rendu compte que cette partie aurait besoin d'être davantage développée, elle fera donc l'objet d'une refonte ou d'un article à part entière.
S’il n’est pas toujours possible d’attaquer ni même d’identifier la cause de ses rêveries, il est utile d’apprendre à gérer les symptômes. De toute manière l’un n’empêche pas l’autre, et savoir gérer ses rêveries est un outil de plus dans votre poche.
Il est là encore utile de connaître son ennemi avant de l’affronter. Une rêverie se compose de plusieurs parties, notamment d'un déclencheur et d'un motivateur.
C’est ce qui va initier une rêverie. Ça peut être un événement stressant, une musique émotionnellement forte, une histoire captivante... Dans tous les cas, mieux vaut essayer de vous en isoler : si, par exemple, les dates limites sont votre déclencheur, accordez une importance toute particulière à vous y prendre à l’avance.*
*Je sais que c’est facile à dire et que ça peut être TRÈS dur, mais s’y prendre au dernier moment quand on est rêveur·euse compulsif·ve ou TDAH, c’est vraiment s’infliger une double peine.
Si c’est un univers qui vous déclenche des rêveries : essayez de planifier le moment où vous vous y plongez à un horaire spécifique, évitez également les fandoms ou réseaux sociaux qui vous y replongent. Ce n’est pas facile mais au final on n'apprécie que mieux nos univers favoris en leur dédiant des plages horaires.
Le motivateur est une action qui fait durer la rêverie dans le temps, c'est en général un tic : manipulation d’un objet, marcher, se balancer, écouter une musique en boucle. L'empêcher est un moyen efficace d’affaiblir vos rêveries. Empêchez-vous de marcher en vous asseyant à votre bureau, coupez le son de vos écouteurs ou de votre enceinte. N'hésitez pas à travailler dans un lieu public ou à faire du coworking en appel avec quelqu’un·e afin de vous empêcher de vous laisser emporter dans votre rêverie, surtout si vous avez tendance à mimer ou à vocaliser celle-ci.
Se débarrasser de ses rêveries par pure volonté est presque impossible, en revanche vous pouvez les accepter dans votre vie à VOS propres conditions. Vous planifier un moment rêverie en rentrant de votre journée et/ou une heure avant de vous endormir peut être un bon moyen de les encadrer.
Lorsqu'une de vos rêveries devient particulièrement intense et intrusive, qu’elle s’incruste encore et encore dans le déroulement de votre journée, il vaut mieux parfois prendre dix minutes et la noter quelque part. Le fait d'écrire ralentira votre flux de pensées et votre rêverie se trouvera canalisée. Je pense aussi qu'écrire vos rêveries est quelque chose de productif, ça peut à la fois vous donner du recul vis-à-vis de celles-ci, mais c’est aussi un premier pas pour les transformer en quelque chose que vous pourrez partager avec le monde, leur donnant un aspect tangible et productif. Je pense aussi qu’il est important de faire la paix avec ses rêveries et de leur donner un cadre d’expression dans nos vies.
S’il est un talent que l’on ne peut nous dénier, c’est très certainement notre imagination. Alors servons-nous en à bon escient : il est possible d’intégrer nos tâches à nos rêveries.
Une présentation à préparer ? Imaginez-vous être l'invité·e d’une présentatrice tv curieuse de vos idées et opinions.
Une liste de courses à préparer ? Imaginez que c’est la préparation d’une expédition.
La vaisselle à faire ? Imaginez nettoyer les restes d’une marée noire et sauver une vie animale à chaque couvert.
Un paragraphe à rédiger ? Imaginez qu’un·e de vos personnages l’attend pour poursuivre une histoire que vous aurez tout loisir d’explorer plus tard.
Bien canalisée, la rêverie peut pimenter une tâche et la rendre plus ludique.
La rêverie compulsive a tendance à être liée à d’autres troubles psychiatriques et notamment au trouble du déficit de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDA/H). Si vous vous retrouvez dans les symptômes du TDA/H – ce qui peut à première vue sembler être une aggravation de votre état – vous avez accès à tout un panel d’outils développés par des professionnel·le·s de santé aussi bien que par des patient·e·s qui maîtrisent leur trouble. Voici quelques-unes de ces astuces.
Les TDAH et encore plus les rêveur·euse·s compulsif·ve·s ont tendance à avoir de mauvaises notion et gestion du temps. Pour cela, il peut être très utile de mettre des alarmes sur votre téléphone pour rester concentré·e sur votre emploi du temps. Vous pouvez aussi utiliser des minuteurs pour marquer la fin de la tâche en cours.
Une astuce qui a bien marché pour moi s’appelle le “hack des 5 min” : si vous avez une tâche à faire et que vous repoussez le moment de vous y mettre, lancez un chronomètre sur votre téléphone ou pc et dites-vous que vous allez vous y mettre, mais pour cinq minutes seulement. Le fait est qu’en général le plus dur est de commencer et que vous finirez par y travailler plus de cinq minutes. Dans le pire des cas vous aurez quand même travaillé cinq minutes.
Vous pouvez aussi vous intéresser à la technique de pomodoro qui facilite le travail sur des tâches longues.
Votre créativité est votre force, tâchez de vous en servir et d’en tirer partie dans vos projets personnels et professionnels. Les séances de remue-méninges/brainstorming sont une bonne occasion de laisser libre cours à votre imagination dans un cadre productif. Il en est de même pour la résolution de problèmes : votre capacité à penser en dehors des normes est un atout. Vos rêveries peuvent être un endroit où articuler vos pensées et où vous mettre en situation pour vous préparer À vous de savoir vous imposer un cadre raisonnable en termes de temps et de moyens.
Avoir des objectifs clairs et bien définis est impératif pour être sûr·e de mener à bien une tâche, surtout lorsqu’on a du mal à se mettre au travail. Un objectif bien choisi ne donnera aucun doute quant à la première action à initier.
Je remplace par exemple "améliorer mon CV" par "choisir un modèle de CV sur Internet" dans un premier temps puis "mettre à jour et clarifier mes expériences professionnelles", et ainsi de suite.
"Ranger" devient "ramasser le linge sale" puis "trier le courrier reçu".
Un autre impératif à garder à l’esprit lorsqu’on est rêveur·euse compulsif·ve c’est qu’on a tendance à vite imaginer l’exécution des tâches dans sa tête et à se projeter très (trop) loin dans le projet et ses objectifs. Il faut faire un effort conscient pour se rappeler de commencer par le début. Un premier pas n’est jamais trop petit.
Cela consiste à transformer la gestion de vos tâches et activités en jeu, si si je vous assure ! ça marche et c’est plutôt fun. On catégorise les objectifs à atteindre, les habitudes qu’on aimerait tenir, et tout ça va se transformer en quêtes à accomplir, en niveaux et en récompenses à gagner. Cela passe souvent par la création d’un bullet journal ou bujo, il y a plein de manières d’en créer un . Nous allons bientôt réaliser un article pour vous expliquer comment vous lancer dans la gamification ; en attendant je vous invite à faire vos recherches sur internet.
Cette méthode est notamment proposée par le docteur Eli Somer (le chercheur qui a créé le terme "maladaptive daydreaming") dans le traitement de la rêverie compulsive. Appelée mindfulness ou "pleine conscience" chez nous, c’est une forme de méditation ayant pour but de s’écarter de ses processus de pensée pour se focaliser sur sa perception du moment. On comprend alors vite l'intérêt contre les rêveries : apprendre à se concentrer sur le réel plutôt que partir dans l’imaginaire. C’est simple et vous pouvez commencer dès maintenant avec un petit exercice appelé body scan ou balayage corporel.
Asseyez-vous de manière confortable, respirez normalement. Vous pouvez effectuer l’exercice les yeux fermés ou ouverts, ce qui vous met le plus à l’aise. Commencez par interroger votre corps, d’abord la pointe de vos pieds : sont-elles froides ? Touchent-elles quelque chose ? Concentrez-vous sur les sensations que vous ressentez. Toujours calmement, remontez un petit peu et sentez la plante de vos pieds : avez-vous des fourmillements ? Et ainsi de suite en remontant de vos pieds jusqu’à votre tête, prenez conscience de ce que ressent chaque partie de votre corps.
En s’entraînant à la pleine conscience, on crée des réflexes qui permettent de rester ancré·e dans la réalité et de moins accorder d’importance à nos pensées, ou plutôt de ne s’y intéresser que lorsqu’on le désire.
Que vous ayez lu ce guide du début à la fin ou bien que vous ayez préféré commencer par le picorer je vous remercie et vous félicite à la fois d’avoir pris un peu de temps pour vous. Comme je l’ai dit au début, je ne prétends pas avoir listé toutes les astuces ici : c’est pour ça que je vous conseille de venir en discuter avec nous sur notre serveur et d'y partager vos propres efforts et idées.